Il s’agit d’une nouvelle problématique à laquelle Aquasearch s’associe.

Le 21 mai dernier avait lieu une réunion à Grande Anse (Martinique) qui avait pour thème : Le poisson-Lion, une menace pour nos récifs-Bilan d’une année de chasse.

Cette réunion était organisée par l’Observatoire du Milieu Marin Martiniquais (OMMM) et réunissait les clubs de plongée.

1. Le contexte

Le poisson-Lion (Pterois volitans/miles) est une espèce invasive originaire de l’Indo-Pacifique qui a été introduite accidentellement dans les eaux de la Floride au début des années 1990. Depuis, cette espèce a connu une prolifération rapide dans la Caraïbe et menace désormais l’écosystème côtiers martiniquais.

2. Présentation de l’espèce

Rascasse volante siteLe poisson-Lion (Pterois volitans/miles) appartient à la famille des rascasses. Le corps est rayé verticalement par des bandes marrons-rouges et blanches. Les nageoires dorsales, anales et pelviennes sont pourvues d’épines venimeuses. On observe la présence d’excroissances autour de la bouche et sur le front. Les nageoires pectorales forment un éventail pouvant atteindre le double de la taille de l’individu.

La taille de la maturité sexuelle semble être de 9 cm pour les mâles et 18 cm pour les femelles. Une femelle peut pondre jusqu’à 30 000 œufs plusieurs fois durant la saison. La période de reproduction est assez mal connue. Certains chercheurs pensent que le poisson pourrait se reproduire toute l’année, alors que d’autres suggèrent une reproduction entre Janvier et Mars (Ruiz-Carus et al. 2005 ; Morris et al. 2011).

Il s’agit d’une espèce peu craintive où les individus vivent seuls ou en groupe. Leur territoir s’étend sur une dizaine de mètres carrés, et on le rencontre jusqu’à 300 m de profondeur.

Il se nourrit essentiellement de poissons et de petits crustacés.

3. L’invasion en Martinique

La première observation sur l’île date de Février 2011. Au début de l’année 2012, on recensait 70 sites où l’espèce était observée. Aujourd’hui (mai 2013), on peut considérer que l’espèce est présente sur l’ensemble des côtes martiniquaises.

D’après les données communiquées par l’OMMM, si les populations des poisson-Lion atteignent environ 100 individus/ha dans le Pacifique et l’Océan Indien, la densité observée dans la région Caraïbe est bien supérieure.

4. Plan d’action

La DEAL Martinique a élaboré une stratégie de lutte contre cette invasion. Elle a chargé l’OMMM d’assurer la mise en œuvre opérationnelle de la première phase du plan d’actions consistant à :

    • Recueillir et centraliser les données d’observations et de captures.

    • Sensibiliser et développer des partenariats pour optimiser l’effort de capture.

    • Récolter et étudier les individus (en plongée ainsi qu’en laboratoire).

Une année s’est écoulée depuis la mise en place de ce premier plan d’actions. La réunion du 21 Mai avait donc pour objectif de présenter les résultats obtenus et de discuter d’actions futures.

5.Compte-rendu de la réunion

La stratégie actuelle de lutte n’est plus adaptée à la majorité des clubs et se retrouve insuffisante aujourd’hui. Mais pas inutile : 4000 captures enregistrées, probablement autour des 6000 en réalité. La population de poisson-lion est établie sur toute la côte martiniquaise, et atteint sur certains sites des densités très importantes (300 individus/ha). La taille des poissons-lion atteint les 40 cm en Martinique. La capture régulière reste la meilleure stratégie pour contrôler au mieux la population de poissons-lion.

Certains clubs souhaitent participer à contrôler la population de poissons-lion mais il faut d’avantages de foënes, et plus de personnes habilitées à capturer (cf. arrêté préfectoral ci-joint)

En saison creuse (juin, septembre – octobre – novembre), il serait possible de rassembler et répartir sur un secteur géographique toutes les structures de plongée motivées (du secteur en question) pour effectuer un nettoyage en masse sur certains sites où les densités rencontrées sont très importantes. Ces événements se dérouleraient sur une matinée avec la présence de l’OMMM, les Affaires Maritimes (à confirmer), et des journalistes pour médiatiser et valoriser les clubs impliqués dans la lutte.

Des foënes, paires de gants et seaux de conditionnement seraient distribués à l’occasion pour chaque participant.

Ces événements resteraient un complément à la stratégie actuelle qui doit continuer. Mais un moyen de rassembler du monde et motiver les clubs.

Un arrêté préfectoral a été pris concernant le poisson-Lion. Il autorise la capture d’individus à l’aide d’un scaphandre autonome de plongée sous-marine.

Si les données présentées par l’OMMM sont loin d’être convaincantes concernant les densités actuelles du poisson-Lion, ainsi l’impact potentiel de l’espèce à moyen et long terme, on ne peut pas leur reprocher de tirer la sonnette d’alarme.

Les densités élevées de poissons-Lion ont un impact sur les peuplements de poissons locaux. Une diminution rapide, de l’ordre de 80%, de la quantité de poissons a été observée sur certains sites aux Bahamas.

Il a donc été décidé qu’Aquasearch participerait de façon active aux mesures préconisées par l’OMMM. Nous sommes donc signataires de l’arrêté préfectoral et donc titulaires de l’autorisation de la capture de poissons-Lion avec l’aide d’un scaphandre autonome de plongée sous-marine.

Ci-joint deux articles (cités précédemment) portant sur la reproduction du poisson-Lion, ainsi que l’arrêté préfectoral :

Ruiz-Carus et al. 2005: Ruiz-Carus-et-al.-2006-Biol-Cons-128

Morris et al. 2011: 1238-1284-1-PB

Arrêté préfectoral: Arrete prefectoral poisson-lion 2013

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